Swisscom : le poids lourd qui s’essouffle un peu

Swisscom enregistre un léger tassement de son chiffre d’affaires et du nombre de clients. En allant au-delà des chiffres bruts, deux indicateurs sont particulièrement intéressants : le chiffre d’affaires par employé (sur neuf mois) et le nombre de clients par employé.

Voici les principaux chiffres du leader :
FTE : 13’059 | Chiffre d’affaires 9 mois-25 : 5’862mio CHF.
Clients mobile postpaid : 5’601’000 | Clients broadband : 1’942’000.
Ratio CA/FTE : 448’000 CHF.
Ratio services/FTE : 577

Salt et Sunrise : challengers… très productifs
Qu’en est-il des deux challengers suisses ?

Salt : petit effectif, gros rendement

Pour Salt, les chiffres sont en hausse et le ratio de productivité est nettement supérieur à celui de Swisscom.
FTE : 1’000 | Chiffre d’affaires 9 mois-25 : 864 mio CHF.
Clients mobile postpaid : 1’800’000 | Clients broadband : 300’000.
Ratio CA/FTE : 864’000 CHF.
Ratio services/FTE : 2’100

Sunrise : légère baisse, productivité élevée

Concernant Sunrise, les chiffres sont en légère baisse, mais la productivité par employé demeure très élevée.
FTE : 2’850 | Chiffre d’affaires 9 mois-25 : 2’194mio CHF.
Clients mobile postpaid : 2’747’000 | Clients broadband : 1’852’000.
Ratio CA/FTE : 769’000 CHF.
Ratio services/FTE : 1’613

La productivité de Salt et Sunrise apparaît donc nettement supérieure à celle de Swisscom. Cette lecture mérite toutefois d’être nuancée : Swisscom exploite non seulement son réseau mobile, comme ses concurrents, mais gère aussi le réseau fixe national, au travers duquel il fournit des services à d’autres opérateurs. Une partie de la « moindre » productivité apparente vient aussi de ce rôle d’infrastructure nationale.

ARPU Sunrise : le grand écart entre anciens et nouveaux clients

On notera au passage les ARPU Sunrise :
57 CHF pour les services fixes,.
29 CHF pour les services mobiles.

Ces montants, basés sur le revenu moyen par client et par mois, illustrent bien le mix entre d’un côté, des anciens clients qui continuent à payer leurs services relativement cher et de l’autre, de nouvelles acquisitions de clients à prix cassés. Une stratégie typique des entreprises basées sur des revenus récurrents par abonnement : on sécurise une base à forte valeur, tout en alimentant la croissance avec des offres agressives.

Et les filiales italiennes de Swisscom ?

L’analyse serait incomplète sans confronter les chiffres suisses (Swisscom) à ceux de ses filiales italiennes (Fastweb + Vodafone). Et là, le contraste est frappant.

Les chiffres d’affaires sont presque similaires : un peu plus de 5 milliards de francs dans les deux pays. En revanche, le nombre de clients et de collaborateurs change radicalement la perspective.

Pour l’Italie (Fastweb + Vodafone), cumul sur les trois premiers trimestres 2025 :
FTE : 7’152 | Chiffre d’affaires 9 moi-25 : 5’383mio CHF.
Clients mobile postpayés : 20’168’000 | Clients broadband : 5’759’000.
Ratio CA/FTE : 752’000 CHF.
Ratio services/FTE : 2’820

Première conclusion évidente : les revenus par utilisateur sont beaucoup plus élevés en Suisse qu’en Italie.

Mais si l’on regarde à nouveau le chiffre d’affaires par employé et le nombre de clients par employé, on observe cette fois un avantage de productivité très net pour l’Italie. Et c’est là que la surprise est réelle car Fastweb exploite son propre réseau fibre dans de nombreuses zones urbaines, et, avec le rachat de Vodafone, un réseau mobile national est également sous contrôle.

Contrairement aux deux challengers suisses, la structure industrielle italienne n’est pas « plus légère ». Le diable se cache souvent dans les détails : modèle d’affaires, régulation, structure de coûts, héritage d’infrastructure…