L’énergie a vécu une période trouble avec la guerre en Ukraine et la hausse des prix de l’électricité, une véritable crise énergétique. 

L’impact de ces changements brutaux sur les fournisseurs d’énergie en Suisse a été important mais cette hausse a été majoritairement reportée auprès des consommateurs finaux. Les entreprises profitant du marché libéralisé, soit avec une consommation supérieure à 100 000 kW par an, ont été prises de court par les subites hausses et l’on ne parle pas des ménages qui n’avaient d’autres choix que d’accepter cette explosion tarifaire.

Alors que son coeur de métier est protégé par des mécanismes étatiques, comment expliquer que le groupe E se retrouve dans une situation sensible, avec notamment le licenciement de 188 collaborateurs ainsi que la fermeture de deux filiales liée à la fibre optique ?

Cette société majoritairement en main de l’État fribourgeois a connu un développement exponentielle durant les 10 dernières années. Le groupe a effectué des acquisitions de PME à tout-va et dans plusieurs cantons. Son effectif global est passé de 1 400 à 2 700 collaborateurs… Finalement, ce sont les nouveaux employés, actifs dans ces sociétés tierces, qui paient l’addition, puisque les domaines du photovoltaïque et des pompes à chaleur seront les principaux impactés.

Est-ce la diminution des subventions ou une mauvaise appréciation des risques de sa stratégie verticale qui a conduit à cette situation ?

La réponse n’est jamais noire ou blanche, mais la question est ouverte pour ces SA semi-privées ou semi-publiques, selon de quel côté on se place. Doivent-elles concurrencer les entreprises privées et croître sur des marchés plus risqués ou maintenir leurs infrastructures tout en assurant des prix attractifs pour les consommateurs ? La récente situation en Espagne et au Portugal devrait nous apporter une piste de réponse.